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Mikel Bechu se consacre entièrement à la peinture depuis une quinzaine d’année.

Sa peinture, parfois douce, souvent brutale, se veut mouvante, déformant et reformant le réel.

Par le choix de sujets peu engageants, sa peinture tente de sonder certains tréfonds de l’humain.

A travers ses derniers travaux et via de grands formats, la peinture, frontale, s’adresse directement aux émotions du spectateur : lorsque les barrières tombent, l’animal-humain laisse libre cours à ses rites cachés ; la peinture tente ainsi de transfigurer la folie (passagère, maléfique ou salvatrice) à laquelle l’humain se trouve soumis.

En tentant de dépasser la simple figuration, Mikel Bechu cherche à capter les lignes de force invisibles qui élèvent la matière au stade du vivant.

Zones industrielles,  barres d’immeubles, chantiers de démolition, images souvent tirées de mes voyages ou de mes déambulations, entre-deux, zones périphériques ou espaces délaissés des cités, terrains vagues ou immeubles démembrés, des lieux recelant une certaine violence, une certaine énergie issue de l’activité humaine sont les sujets de ma peinture. Plus récemment, la figure à fait son apparition, figure traitée dans des poses classiques, se mettant en scene pour le photographe, archétype de la photo souvenir.

Traiter ces images en peinture est pour moi une manière de les faire basculer dans un ailleur. Partant de la représentation de l’image photographique je tente d’opérer un glissement par l’emploi de la peinture. Des gestes abstraits viennent se superposer à la figuration souvent jusqu’à la rendre méconnaissable. Considérant que la destruction est inhérente à la création picturale, je malmène la figuration l’entrainant jusqu’au bord de la désintégration. L’idée de destruction présente dans les images se trouve redoublée par celle même de l’image par la peinture. Destruction, reconstruction rapide, architectures fonctionnelles toutes bâties sur le même modèle nous rapellent une façette de la société contemporaine.

Les portraits en pied de touristes posant pour le photographe devant le paysage représentent des archétypes de la photographie de souvenir. En peignant ces images je tente encore une fois de les faire basculer dans un autre domaine. Ces images anecdotiques relèvent de la banalité contemporaine. Elles sont tout aussi répendues que ces terrains vagues ou immeubles détruits,  Placées côte à côte le sens se crée et la peinture peut nous parler du monde et de l’humain.


 Brest, 2012

Des images en vrac, idées formulées en peinture : Des touristes posant dans des situations attendues, Des containers flottants dans un vide cosmique, les pilliers d’un pont sans échelle de taille, un cargo à l’horizon, un avion au décollage, une vache brouttant un applat trop vert, des pixels RVB, un enfant entouré de ses peluches favorites... Une toile représentant des gens attendant le lever du soleil la lumiere provient du flash photographique.
La peinture n’est pas qu’image figée. elle se doit d’interroger, de ne pas se donner au premier regard. La peinture se doit de rendre à l’image ce qu’elle à perdue de profondeure à l’heure de sa surabondance médiatique : sa capacitée à susciter la réflexion, la contemplation. elle se doit de déjouer l’image choc, l’image publicitaire, l’image idiote ne portant pas à conséquences. ceci dit elle tentera de vous entrainer dans le labyrinthe de la pensée en image. associations hasardeuses d’images parcellaires illustrant le tourbillon des idées du promeneur contemplatif. Le patchwork coloré du peintre au travail.

Texte de présentation de l’exposition “Everything is all right” Shanghai, 2013

 

 

 

Shanghai est une forêt de buildings éclairés au néon. Une ville interminable où l’horizon se fait rare. Shanghai est saturée d’images, inondée de publicités. La population est inter-connectée en permanence, rivée sur les écrans, le regard fixe, l’esprit suivant le flux de l’internet chinois. Ici l’image est flot, elle déborde. L’art aussi déborde. Il se mêle au flux, y rajoutant ce qu’il peut, perdant ses repères dans le marécage d’images débilisantes, oubliant son authenticité sous la pression financière qui détruit et aplanit tout.
Peindre dans ce contexte relèverait-il de l’absurde? Lancer quelques images, immobiles de surcroit, dans cette mer fluctuante serait-il totalement dénué de bon sens, comme rajouter sa petite pierre à la tour de Babel? Comme offrir une énième image au grand musé monde qui ne sait plus qu’en faire? Je vois plutôt cela comme une bouteille à la mer. Elle dérive sur l’océan de pixels, sur le flux multicolore d’images dématérialisées. Dedans il n’y a pas de message si ce n’est celui d’être, il n’y a pas de revendication si ce n’est celle d’exister. Il y a la peinture, épaisse, lourde de couches de sens, bien plus que simple image, bien loin de la platitude omniprésente.

Texte pour le catalogue de l’exposition “Mutiples apparitions du proche si lointain soit-il, Jiaxing, 2013

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